Gentlemint, le Pinterest moustachu ?
En ce moment s’il y a un sujet auquel vous ne pouvez pas échapper si vous travaillez dans le web c’est bien Pinterest. Et puisque tout le monde balance des analyses sur le réseau social de micro-blogging visuel qui monte, chez les Evangélistes on préfère vous parler de son petit frère, au potentiel tout aussi prometteur, Gentlemint. Le principe est simple: il s’agit d’un site d’inspiration visuelle et de curation. Vous postez du contenu visuel, commentez ou likez les images des autres, recherchez des thèmes que vous aimez et pouvez bien sûr tout partager sur Twitter ou Facebook.
Bref, Gentlemint, c’est Pinterest avec de la testostérone et une jolie moustache. Grossièrement on pourrait presque dire que Pinterest est le réseau de « pinning » (partage d’images) pour les femmes avec des marques de mode qui l’investissent et des photos de listes de mariage qui y fleurissent, et surtout un chiffre parlant, presque 60% de ses utilisateurs sont des femmes entre 25-49 ans (source Mashable). Les hommes se sentant perdus au milieu de toutes ces images girly et photos de déco ou de chatons ont trouvé leur alternative 100% masculine avec Gentlemint.
Bon ce n’est pas pour autant qu’on sort forcément des clichés au niveau des images partagées là non plus : divers gadgets high tech, des alcools, des voitures, des paires de baskets, des montres…La page d’accueil vous met d’ailleurs tout de suite dans l’ambiance, les créateurs ayant voulu être très explicites sur le type de contenu qu’ils souhaitaient voir partager sur leur plateforme.
Néanmoins on a pu y apercevoir quelques filles puisque la plateforme reste ouverte à tous. Pour l’instant, l’inscription ne se fait que sur invitation et le réseau est pourtant déjà un succès, ayant bénéficié d’un bon bouche à oreille.
Le succès vient probablement du fait que l’opposition hommes/femmes reste un clivage communautaire efficace. Lorsqu’on analyse les pages de marques sur Facebook, celles avec le plus fort engagement sont souvent celles dont la communauté de fans est très marquée au niveau du genre (cf classement SocialBakers janvier 2012: trois marques de voitures et une marque de cosmétique dans le top 10 des pages aux meilleurs taux d’engagement).
Mais le site fonctionne aussi grâce au ton sympathique adopté qui utilise l’humour et plaira aux vrais/faux hipsters puisque la moustache est l’emblème. Par exemple, les likes sont remplacés par des icônes « moustache ».
Les marques pour hommes doivent elle y voir une aubaine pour toucher une cible qualifiée (masculine, branchée, intéressée par l’esthétisme, le design, la mode, le high tech…) ? Définitivement !
Ce type de réseau social de niche se multipliera probablement dans le futur ciblant des communautés restreintes, très actives, et permettant aux annonceurs de toucher des cibles de plus en plus précises, de parler aisément à une audience très qualifiée.
Le gourou des médias sociaux Chris Brogan explique que peu importe si Gentlemint sera un succès ou un pétard mouillé, l’important est qu’il annonce une nouvelle ère de réseaux sociaux de niche : « L’usage ciblé de la technologie de la curation pour construire du contenu intéressant à l’échelle d’un petit groupe, c’est génial » affirme t’il dans son article The Next Social Networks qui prédit un bel avenir à ce type de sites.
D’ailleurs Pinterest est plus simple à utiliser et son taux d’adoption est bien supérieur et croissant bien plus rapidement. Donc la longévité de Gentlemint est probablement un pari à ne pas faire. Mais Gentlemint a un concept plus fort que Pinterest en cela qu’il cible finement.
Et si les utilisateurs aiment partager avec des gens qui ont exactement les mêmes goûts qu’eux, même si ils sont peu (plutôt que des milliers d’étrangers sans intérêt commun), les annonceurs eux aiment quand ces gens qui ont les mêmes goûts se réunissent au même endroit et se rendent repérables, plutôt que d’être noyés dans les millions d’utilisateurs d’un immense réseau généraliste.
Bref, la curation de niche a de l’avenir devant elle. Il ne serait pas impossible de voir fleurir très bientôt des réseaux de curation en tous genres sur des sujets de niche.
Small is the new Big en somme.
Mylène Aboukrat
Olivier Baillet
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