GOOGLE ET LA SPHÈRE ARTISTIQUE : RÉCIT D'UNE ÉPOPÉE

 dans la catégorie Business, Créativité, Digital
Google. La force tranquille. Google, une multinationale interplanétaire, la société moderne par excellence. A travers son slogan « Don’t be evil » (« Ne soyez pas malveillants »), elle se définit comme une société éthique oeuvrant pour un monde meilleur. Google, une entreprise discrète et partout à la fois. Si la firme s’est fait connaître en tant que moteur de recherche, elle est maintenant sur tous les fronts.

On connaissait  Google comme moteur de recherche, comme navigateur (Google Chrome), comme webmail (Gmail), comme système d’exploitation pour PC et pour smartphones (ChromeOS, Android), comme cartographie numérique (Gmap, Google Earth), comme plateforme de stockage et partage de contenu (Picasa, YouTube) et depuis quelques semaines comme réseau social (Google+). Qui n’a pas entendu parler de Google Analytics, Adwords, Insight ?

Google, une entité soudée en interne, prônant le travail en équipe, une hiérarchie peu contraignante et un fort engagement environnemental. De ce fait, certains osent même faire émerger le Googlisme : une nouvelle forme de travail pour certains, une religion pour d’autres. Bref, décrire dans son ensemble la firme américaine utilisée par 91% des internautes français ne se ferait certainement pas en un paragraphe.

Une chose est certaine, la marque Google est partout. De leur côté, les artistes s’inspirent quotidiennement du monde qui les entoure, de la société, des éléments venant enrichir leur vie de tous les jours, des modes de consommation. Google, comme chaque marque omniprésente, devient, de ce fait, elle aussi une source d’inspiration pour les artistes.

UN PUIT D’INSPIRATIONS

La firme de Sergey Brin & Larry Page, de par la richesse et l’étendue de son contenu, exerce une influence sur l’art. Elle est devenue une source d’inspiration exceptionnelle pour les artistes. L’ergonomie des différentes plateformes, l’apparence, l’aspect d’éléments observables sur Google Maps, Street View ou Google Earth… Chacun de ces fragments constituent bien souvent les racines d’oeuvres pour le moins stupéfiantes.

Christophe Niemann, qui travaille pour le New York Times, imagine et représente le monde et plus particulièrement la société américaine qu’il observe chaque jour avec son regard d’illustrateur, sous la forme de cartes géographiques inspirées de Google Maps :

Jenny Odell est une jeune artiste ayant, elle aussi, réalisé plusieurs projets intimement liés à Google Maps et Street View.

« Re-enactments » 2009

« Satellite Collections », digital prints, 2009-2011

Après avoir soigneusement détouré des éléments sur Google Maps, Jenny Odell a choisi de les regrouper par familles de formes similaires :

« 120 Stadiums »

« Every Basketball Court in Manhattan »

« 97 Nuclear Cooling Towers »


Jon Rafman est un artiste canadien à l’origine du projet 9 Eyes. Le principe est simple. Il correspond à de la photographie virtuelle sur Google Street View,  où l’appareil est en fin de compte l’outil capture de l’ordinateur. Ensuite, il « suffit » d’être patient et de shooter la photo qui va parler d’elle-même. Jon Rafman nous livre donc un joli – et/ou triste, à vous de voir – panorama du monde d’aujourd’hui où s’entremêlent animaux et scènes « humaines » (parfois violentes) du quotidien, architecture et nature ou encore gangsters et prostitués. Une chose est sûre, ce genre de projet coûte moins cher en matériel et en billets d’avions). De là à considérer cette démarche comme le futur de la photo et du reportage, rien n’est moins sur…

SUPPORT DE DIFFUSION

Au-delà d’être un vecteur d’inspiration, Google devient un support de diffusion qui apporte au street art une nouvelle dimension artistique. La firme américaine devient un media dans le sens ou certains artistes utilisent Street View comme un outil de diffusion de leurs oeuvres. En cela, elles restent perceptibles dans le monde réel, mais la vue d’ensemble que peuvent offrir les satellites apporte une vision alternative, différente, dans la continuité d’un monde s’ouvrant chaque jour un peu plus sur le monde virtuel.

Ci-dessous, les oeuvres de Molly Dilwort, artiste américaine s’étant lancé dans un projet intitulé « Peintures pour satellites »

Elle souhaite par ce dernier, « marquer l’espace digital » et s’étonne que Google Earth, « technologie impersonnelle » ait le pouvoir de marquer les esprits et d’offrir une expérience « étonnement intime » aux gens pourtant « plantés » derrière leur écran.

Par ailleurs, on savait le domaine de l’art et celui de la comintimement liés. Bon nombre de publicitaires ont donc décidé de prendre le train en marche et d’investir les « rues virtuelles » de Google.

FOCUS : Le RED BULL STREET ART VIEW

Red Bull, depuis ses débuts, s’efforce d’investir la quasi totalité de son budget de com dans le hors-média via le sponsoring des sports extrêmes. Une stratégie qui lui a permis de bâtir l’image  et la notoriété dont elle jouit aujourd’hui. Depuis février 2011, la marque autrichienne propose aux grapheurs et amateurs de street art de localiser leurs oeuvres sur un site conçu pour l’occasion. Par la suite, grâce au partenariat instauré avec Google Street View, des oeuvres situées en Norvège, en Inde ou en Australie sont accessibles depuis le canapé, juste derrière un écran. Bien entendu, le partage des oeuvres est possible sur des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter.

Grâce à cette opération la marque au taureau rouge assoie donc davantage sa culture de marque « street ».

UN ACTEUR A PART ENTIÈRE

Février 2011, lancement du Google Art Project. La firme californienne, grâce à sa technologie Street View, investit de son plein gré les murs de 17 musées et galeries d’art à travers le monde.  Le Palais de Versailles, Le Museo Reina Sofia de Madrid ou encore le non moins connu MoMA de New York en sont les têtes d’affiches. C’est donc grâce à Street View et la 3D, que l’internaute peut visiter librement les couloirs des musées sélectionnés. Fini les embouteillages devant les tableaux, pas de queue à l’entrée et grâce au zoom super-puissant, le visiteur virtuel peut admirer les oeuvres avec une définition déconcertante. A la faveur de ce projet, le géant américain assoit donc considérablement sa crédibilité dans la sphère artistique.

Le Palais de Versailles, Versailles

Museo Reina Sofia, Madrid

Van Gogh Museum, Amsterdam

Museum of Modern Art, New York

« The bedroom », Vincent Van Gogh – Van Gogh Museum, Amsterdam

Après avoir initialement inspiré les artistes davantage street, les indépendants, Google et le digital s’immiscent dorénavant dans le domaine de l’art institutionnel, dans les musées d’états. Quoi qu’il en soit, la virtualisation du monde réel est en marche et il est clair que l’art – même s’il a souvent revendiqué son côté marginal, hors du temps – lui aussi, n’échappe pas à ce phénomène.

Xavier Baillet

Entrepreneur et Directeur de la Création d'entreprises dans les secteurs du design, du marketing et du digital depuis 1999.

J'aime faire avancer les gens, les idées et la société. J'aime les entreprises utiles et les entrepreneurs passionnés.

J'aime faire exister les idées et les projets qui ont un sens pour les gens.

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