Les peoples sur les réseaux : parler librement ou prendre un community ?
Dans un précédant article, nous mettions en parallèle des stratégies digitales d’artistes avec celles des marques, rappelant néanmoins que fédérer une communauté de fans autour de groupes musicaux ou d’écrivains parait plus simple qu’autour d’une marque étant donné que pour l’un, le fan qui rejoint le réseau social est déjà conquis alors que pour l’autre la démarche de fidélisation reste à faire (dans la plupart des cas).
En effet, les artistes ont plus de facilité à fédérer que les marques et sont très certainement moins épiés que les politiciens sur leurs réseaux sociaux.
Plus de tolérance de la part des internautes ? Pourtant certains dérapages sont rapidement sanctionnés.
Entre Lil B qui fait l’unanimité, Birdy Nam Nam qui suscite débat et Ashton Kutcher qui quitte ses fans, nous ne sommes pas en reste.
Focus.
L’ appel au dépistage de Lil B
Le rappeur Lil B avait déjà fait débat avec son titre, très controversé, « I’m gay« . Il revient avec un nouvel opus « I’ve got AIDS » (j’ai le Sida) dans lequel il scande des paroles pour le moins crues:
Je m’inquiétais de la mettre enceinte,
sans savoir qu’elle avait un sida déclaré,
et qu’elle continuait à baiser,
avec tout le monde […]
J’aurais dû utiliser un préservatif au lieu de faire confiance à ces femmes.
N’ arrêtant pas sa « lutte personnelle » contre le sida à quelques vers lapidaires, le rappeur promet de diffuser ses propres résultats de tests du VIH sur la toile et en profite, par la même occasion, pour appeler ses fans à se faire dépister « en live » :
« Filmez-vous en train d’être testé, mettez la vidéo en ligne et envoyez la moi »
Interview pour MTV News
Résultat : contre toute attente, la démarche est bien accueillie par les fans. D’ailleurs, lundi dernier, « I’ve got AIDS » faisait partie des expressions les plus tapées sur Twitter.
« Va te faire foutre » avec Birdy Nam Nam
Les fans sont-ils prêts à tolérer les esclandres de leur artiste préféré ? Parfois certains propos atteignent les limites de la tolérance. Le cas de la page Facebook de Birdy Nam Nam peut en être la preuve.
Lundi dernier, le groupe annonce l’annulation de son concert au Zénith de Strasbourg prévu pour le 18 novembre. Une décision qui appartient à la production du spectacle et non au groupe, précisent-ils par la même occasion.
Comme attendu, l’annonce laisse place à la déception des fans qui agrémentent la publication de nombreux « fait chier ! » et autres « putain » tous azimuts. Des commentaires certes déplaisants mais qui, pour la plupart, font davantage échos à la situation actuelle qu’à une critique globale du groupe.
Pourtant la réponse n’entend pas calmer les foules.
Mardi matin, après quelques heures de silences et autres suppressions de commentaires de fans, un des membres du groupe publie un communiqué (effacé depuis) :
Les réactions des internautes ne se se font pas attendre : » DJ Need une formation en community management. Ou une leçon de respect. », peut-on lire, entre autres sur la page.
Aujourd’hui, si maintes excuses ont été prononcées par le groupe, chaque publication de BNN attire près de 300 commentaires, avec à l’intérieur, autant de marque de sympathie que d’hostilité.
Ashton Kutcher abandonne son compte Twitter
Ashton Kutcher, presque aussi connu pour son activité sur Twitter que pour sa carrière d’acteur, a annoncé l’abandon de son compte pour en confier la gestion à sa maison de production Katalyst Media. Une nouvelle pour le moins surprenante sachant qu’il a été le premier à atteindre un million de followers et compte aujourd’hui 7 millions d’abonnés.
La raison de cette démission ?
Un malheureux tweet dans lequel il déplorait le licenciement de l’entraineur mythique (84 ans) des footballers de l’université de Penn State.
« Comment pouvez-vous virer Jo Pa? (…) c’est vraiment de mauvais goût ».
Un message tweeté sur le vif faisant fi des motifs de licenciement qui serait dû à une affaire de pédophilie dont l’entraineur serait à ce jour tenu pour « moralement responsable ».
La sanction des internautes est sans appel : une avalanche de messages hostiles, même après excuses de l’acteur.
Dans un dernier message dédié à sa communauté, l’acteur annonce l’abandon de son compte.
Liberté d’expression… ou pas…
Le cas d’Ashton Kutcher nous amène à nous poser une question fondamentale : à partir d’une certaine notoriété sur la toile, doit-on laisser sa communication virtuelle à un professionnel ? Pourtant n’est-ce pas la personnalité de l’acteur que l’internaute recherche ?
Il faut dire qu’à partir d’une certaine notoriété, les célébrités sont, et parfois malgré elles, porte-drapeau de valeurs fortes. La façon d’agir de Lil B est certes discutable, il n’empêche qu’elle fédère. En aurait-il été autant si ce genre de campagne online avait été impulsée par l’association AIDS ou les internautes auraient-ils crié « à l’atteinte à la vie privée » ?
Chez les peoples pas de demi-mesure : une prise de parole bien orchestrée remporte un grand succès, une erreur est ipso facto sanctionnée.
Reste alors à espérer que les célébrités ne confient pas toutes leur identité online à un community manager. Une tendance qui participerait à créer un dialogue online aseptisé dans lequel parler à son artiste préféré serait comble du VIP.
Xavier Baillet
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