Mon Petit Poney : immersion dans un pays magique

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Pas de vacance cette année. Seul fait réconfortant, je me plais à imaginer que je ne suis pas la seule ! Pourtant je n’aurais pas été contre quelques jours  de séances bronzette / coup de soleil / Biafine et flâneries en tout genre.

Soit, je prends sur moi. Et pour faire passer la pilule,  je m’octroie quelques plaisirs régressifs en souvenir de ma belle enfance et de mes deux mois de vacances estivales. Je troque mon cocktail matinal café / télé matin sur France 2 contre un Candy Up / Scoubidou sur France 3. Et bien sûr je me permets quelques déambulations sur le Web : forums inutiles, vidéos ringardes… et de fil en aiguille je tombe sur une photo du jouet phare de mon enfance : « MON PETIT PONEY ».

Ma passion, à l’époque, était sans limite : jouet, film, serviette de bain… tout support accueillant ce fabuleux équidé haut en couleur (et pailleté si possible) m’obsédait.

Aujourd’hui c’est avec nostalgie que je regarde, derrière mon écran, ce jouet mythique des années 80, gardant un soupçon d’existence grâce à quelques forums hasardeux de collectionneurs passionnés.

Et au fur et à mesure de ma déambulation virtuelle, de brides d’articles en faits isolés, j’en viens à admettre que j’ai tort. Après une bonne dizaine d’années de passage à vide, depuis 2008 la tendance « Petit Poney » revient en force. Entre démarches artistiques, hacking et promotion des ventes coté outre-Atlantique, l’esprit « Mon Petit Poney » perdure. Plus étonnant encore, il évolue !

Preuves à l’appui…

Le monde merveilleux des petits poneys : plus qu’un jouet un univers à part entière

« Mon Petit Poney » c’est plus qu’un cheval coloré. En effet, si les premiers poneys ont été distribués en 1984, le premier film éponyme est paru dès 1986 et les épisodes à leur effigie se faisaient une place de choix au « Club Dorothée ».

Ipso facto mon petit poney véhicule un univers de solidarité et d’amitié inconditionnelle, où la diversité et le respect de la différence sont les maîtres mots. Oui, comme chanté dans le générique, « il n’y a rien de plus doux qu’un ami, et mon ami c’est mon Petit Poney ».

Et si la production des Petits Poneys  tels que nous les avons connu s’est arrêtée en 93 (au profit d’un nouveau design) l’univers est resté dans nos mémoires.

1 – Première consécration : du jouet à l’œuvre d’art

15 ans plus tard, Mari Kasurinen, plasticienne Finlandaise décide de rendre hommage aux héros de notre enfance  sur un support bien particulier, le Petit Poney lui-même.

La jeune artiste au style faussement acidulé et résolument kitsch travestit les petits équidés en héros de cinéma, de série et de Comic. En hybridant les genres, elle élève alors ce jouet traditionnellement féminin et indéniablement « gnangnan », au rang de référence culturelle de toute une génération.

Des collections qui font l’unanimité puisque même le journal du geek se permet d’éditer un article sur la collection « Pony Wars », prenant tout de même quelques précautions en annotant « Voici une fusion que les fans de Star Wars ne vont pas forcément apprécier  ».

Bien que vintage, le support (édition de 1984)  n’en n’est pas moins parfait pour parodier les stars de notre quotidien à l’instar de Vivienne Westwood et de mademoiselle Gaga.

Et au-delà de la dimension culturelle qu’elles suscitent, ces petites figurines font cartons pleins. Vendues chacune à 350 dollards, elles trouvent toutes preneur.

2 – Donner forme à une icone imaginaire

Les icônes de notre enfance, bien que fictives, sont pourtant « réelles » dans notre imaginaire de bambin. Quand on joue, on humanise : notre poney à des amis, fait ses courses et bien d’autres activités.

Si on articule leur vie comme celle d’un véritable être humain, leur constitution n’a par ailleurs jamais été au centre de la question.

Et c’est sur le pan de la structure anatomique que l’illustrateur et maquettiste Jason Freeny se penche pour nous fournir ses travaux ô combien orignaux.

L’artiste a pour vocation d’attribuer une forme bien réelle à un personnage qui trône dans notre imaginaire collectif.

3 – « Mon Petit Poney » s’encanaille

Exit l’art, petit retour temporel dans notre dure réalité. Souvenez-vous, le 16 janvier 2011, Marine Lepen devient présidente du Front National. En mars toutes les foules s’affolent à la vue des résultats du sondage Harris Interactive / Le Parisien sur les intentions de vote pour 2012. Ladite Marine se ferait une place de choix avec 23% d’intention de vote. La vague « bleu marine » arrive et prendrait tout sur son passage. Du coup le 28 avril, les hackers se déchainent et piratent par trois fois le site marinelepen.com. A votre avis quelle image trône en homepage du site hacké la troisième fois ? Une image promotionnelle de « Mon Petit Poney »…  avec un lien renvoyant sur la définition Wikipédia du mot racisme.

Le choix des Petits Poneys est judicieux. Se servir de l’univers acidulé où tous les petits poneys s’aiment et s’entraident et ce, malgré leur couleur de robe, ça fonctionne plutôt bien comme idée pour dénoncer le caractère raciste du programme du FN. Hasard ou volontaire ? Je retrouverais bien les hackers en question pour leur demander mais je crois qu’ils sont déjà bien assez occupés à titiller les politiques.

Entre démarche artistique et hacking le petit poney des années 80 est  devenu culte. Mais ne serait-ce pas à son insu ?

Parce que si dans l’Hexagone l’essor du petit poney semble révolu et dominé par les initiatives personnelles,  coté outre-Atlantique, Hasbro a la ferme intention de se refaire une place dans le coeur des enfants avec un nouveau Petit Poney revisité. Et pour rafraîchir cet univers un tantinet obsolète, l’industrie mise sur son nouveau dessin animé « My Little Pony : les amies c’est magique ! » diffusé sur la chaine américaine HUB depuis Octobre 2010.

En effet aux Etats unis le dessin animé éponyme fait un carton et les scénaristes ne manquent pas d’humour, ni de caricature,  pour distraire les nouvelles générations.

En juin 2011 La chaine Hub diffuse un épisode dans lequel nos petits animaux colorés se payent la tronche de Katy Perry en parodiant son clip « California Gurls », ré-intitulé « Equestria Girls » le temps d’une chanson.

Quand la chanson de Katty commence par « je connais un endroit ou l’herbe est vraiment plus verte » la version petit poney rétorque « je connais un endroit où l’herbe est ce qu’il y a pour dîner », fait important pour un équidé.

Et au refrain de se tranformer d’un :

« California Girls
Nous sommes inoubliables
« Daisy Dukes »
Bikinis par dessus
»

En

« Filles Equestria
Nous sommes sorte de magie
Bottines sur les sabots
Bikinis par dessus
».

Bon, bien sûr on parle série pour enfant et à fortiori on parle Amérique alors vous imaginez bien que le « siroter un Gin avec du jus frais » de la version originale se transforme en « siroter un jus Arc en ciel ». Dommage !

Dans toute ces histoires équestres une problématique subsiste. Entre initiatives concentrées sur le vieux petit poney des années 80 et promotion d’un nouvel univers autant graphique qu’idéologique, le fossé générationnel se creuse. Va-t-on rencontrer la même limite qu’avec le logo Malabar ? Va-t-on devoir mettre de coté les vieux nostalgiques (comme moi en l’occurrence) pour capitaliser sur les us et coutumes des jeunes générations ?

4 – Se payer la pomme d’Apple et mettre toutes les générations d’accord

Juillet 2011, la chaine HUB assure la promotion de ses nouveaux épisodes « My Little Pony : Friendship is magic » sur les médias TV et Internet. Et quoi de plus efficace que de parodier une publicité populaire pour susciter l’intérêt de son spectateur ? Dois-je vous souffler de quelle publicité il s’agit ? Non, je crois que l’image parle d’elle-même.

Publicité « my little pony : Friendship is magic »

Mais au-delà du déroulement du film, toutes les applications elles-mêmes sont parodiées : Ponybook, PNN, Enay, Groupony, Wikipony… et j’en passe.

Chaque application revisitée caractérise un trait de personnalité d’un poney de la bande. La pipelette devient « Ponybook », le poney arc-en-ciel se caractérise par l’application météo.

Plus technophile, plus vif, plus encanaillé, notre petit poney international est remit au goût du jour.

Ce procédé publicitaire s’adresse à deux types de cibles :

Sa cible directe : les bambins ! Cette génération de digital native est une inconditionnelle du Web. De plus en plus jeune, elle constitue sa bande via son réseau et vice-versa.

Sa cible indirecte : ceux qui ne regardent pas mais qui ont connu mon petit poney dans leur jeunesse…. C’est-à-dire, nous. En parodiant la publicité Apple, l’objectif est de rentrer en intimité avec nous, grands gamins que nous sommes ! Non pas que l’on constitue un spectateur potentiel, mais nous assurons le relais d’une image de marque, celle du Petit Poney, en pleine évolution.

Le choix des support Internet et télévisuel est judicieux.

Si, grâce aux jouets et aux séries, les enfants peuvent partager des éléments communs de culture ludique, la transmission des jeux traditionnels est de moins en moins importante dans notre société. Par ailleurs, la technocratisation et la multiplication des supports ludiques (offline autant qu’online)  apporte une diversité socioculturelle telle que la référence commune et intergénérationnelle devient de plus en plus rare. Le choix de caractériser l’application Iphone est une solution pour rentrer en intimité avec deux générations que tout semble opposer.

Peut-on fédérer plusieurs cibles autour d’un même jouet ?

En vue d’une telle mutation, il convient de se demander vers quel avenir il s’oriente.

En revisitant de A à Z l’univers Petit Poney, l’industrie Hasbro va-t-elle parvenir à conserver ses fans de la première heure ? En a-t-elle d’ailleurs envie ?

Cela dit, il n’est pas impossible d’ouvrir et de réactualiser sa cible tout en gardant les fans inconditionnels d’un jouet. La cas Lego en est la plus belle preuve. Ce jeu de garçon est passé par toutes les étapes : de référence phare de Geek et technophiles, il s’est vulgarisé grâce aux produits dérivés (jusqu’aux bijoux pour nana) pour que finalement, revisitée par les designer d ’intérieur, la brique éponyme devienne élitiste. La preuve en est que tout l’été, le Bon Marché Rive Gauche accueille en exclusivité les créations LEGO Architecture à la Galerie de l’Entretemps.

Mais attention si cette expo ultra tendance met en scène des maquettes inédites, elles n’en sont pas moins construites par des fans inconditionnels de LEGO… les cibles que tout oppose, ne font qu’un.

Alors même avenir à promulguer pour « Mon Petit Poney » ? Quoi qu’il en coûte, j’assumerai quant à moi, mon statut de fan absolue.

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Agence de relations presse Paris

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Xavier Baillet

Entrepreneur et Directeur de la Création d'entreprises dans les secteurs du design, du marketing et du digital depuis 1999.

J'aime faire avancer les gens, les idées et la société. J'aime les entreprises utiles et les entrepreneurs passionnés.

J'aime faire exister les idées et les projets qui ont un sens pour les gens.

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