Tous télépathes d'ici 5 ans ?

 dans la catégorie Business

J’imagine que vous savez tous ce qu’est la télépathie. D’ailleurs qui n’a jamais rêvé de communiquer par la transmission de pensée avec autrui ? C’est moins cher que le téléphone, pour sûr (en même temps on a Skype).

Mieux encore, la télépathie nous permettrait de rentrer dans le cerveau de quelqu’un pour en connaitre ses petits secrets. Quoi de plus attirant que de pénétrer une boite fermée qu’il nous est pourtant interdit d’ouvrir ?

Ce désir de savoir et de fusion est bien volontiers associé aux idéaux amoureux ainsi que dans les représentations sociales de l’amour : la fusion de deux êtres qui se comprennent sans même se dire un mot. Une vision un peu trop « bénit oui-oui » à votre goût ? J’en conviens !

« Si j’ai des pouvoirs télépathiques, je vais pouvoir contrôler l’autre. N’oubliez pas que nous sommes des hommes : ce que nous voulons c’est contrôler l’autre . Ou être dominé. »
Djohar Si Amed, psychanalyste.

Voilà l’usage réel que nous ferions très certainement de la télépathie.

Pour dominer l’autre et arriver à ses fins, beaucoup d’entre-nous ont déjà dû élaborer des stratégies, parfois très tordues (je suis une fille, je sais de quoi je parle) en compilant le peu d’informations possédées sur notre proie. Imaginez à quel point l’accès à la pensée de l’autre nous permettrait d’étendre ce stock d’informations. Imaginez à quel point nos plans gagneraient en efficacité !

Aujourd’hui pour piocher dans la vie de l’autre j’ai Facebook

Mauvais réflexe, je me dois de faire ipso facto un parallèle avec le web 2.0. En effet, l’information est l’arme majeure de notre interface numérique et ce ne sont pas les hacktivistes à l’instar des membres WikiLeacks qui me diront le contraire.

Mais si pour certains, l’accès à l’information est un trésor, il semblerait que les usagers du web soient moins tatillons à dévoiler leurs petits secrets sur leurs réseaux sociaux.

Les espaces comme Facebook deviennent mi-public mi-privés. L’internaute publie des infos très personnelles tout en les théatralisant et en les selectionnant de façon à se valoriser sur son réseau. Une pratique qui tendrait à se renforcer avec les nouvelles générations, selon Gilles Marie Valet.

« Les adolescents ont de plus en plus tendance à tout dévoiler sur Facebook et sur les blogs ».

La barrière entre les informations publiées dans le réseau social et celles stockées dans le cerveau devient de plus en plus mince, même du point de vue des codes sémantiques. L’application « Social Memories »,  illustrant les mémoires de la vie sociale des internautes sur leur réseau, en est la preuve.

« Plus besoin de télépather, il nous suffit de tout jeter sur notre page Facebook ».
Djohar Si Amed

Je suis alors amenée à me demander : au final à quoi pourrait bien nous servir un don de télépathe dans un monde où l’on peut communiquer à l’autre bout du monde, en temps réel et où les interfaces numériques rassemblent et stockent les informations à notre place ?

En fait, du fantasme de la télépathie émerge la « télépathie électronique » pour le coup bien réelle, elle.

Demain je serai accros à la télépathie électronique

Ce que nous pouvons appeler « télépathie électronique » n’est pas de la télépathie à proprement parlé mais la possibilité d’avoir un accès automatique à l’identité numérique (statut, avatar, pseudo, etc…) de n’importe quel inconnu simplement en le croisant dans la vie réelle.

Concrètement, grâce au système de réalité augmentée, nous pourrions voir sur chaque passant sa vie numérique apposée à sa silouhette, un peu comme dans le clip « N’importe Comment » de Toxic avenger feat Orelsan.

Notre mur Facebook nous suivrait dans la rue permettant ainsi à tous les passants de lire en nous comme dans un wall ouvert ou de nous ajouter sur leur réseau instantanément.

Prospectif, déluré ? Voyez plutôt ce que Viewdle nous propose…


Lors du Mobile World Congress 2011, la start-up Viewdle, native de la Silicon Valley, s’est distinguée en dévoilant son nouveau prototype encore en test avec Motorola : une lentille  intégrée dans l’objectif de l’appareil photo ou de la caméra des smartphones, permettant ainsi aux utilisateurs d’identifier automatiquement et en temps réel une personne qui passe dans la rue en la visant avec son téléphone.

Cette lentille n’a nul besoin de passer par un serveur de données, elle  se réfère aux images ou aux contacts précédemment stockés dans le téléphone ou sur des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, LinkedIn, etc. Ensuite, elle superpose les informations sur le cliché pris. Et libre à l’utilisateur de tranférer les informations sur son ordinateur ou de les partager avec sa communauté. Nouvelle phase du monde, adieu l’ère du Big Brother, welcome Big Other.

Aussi flippant qu’excitant, on est tout de même amené à penser que l’innovation en question ne profitera qu’à une poignée de prescripteurs technophiles. Rien n’est moins sûr en vue des prévisions éditées par Digital Life selon lesquelles la proportion d’internautes connectés exclusivement via mobiles devrait passer de 14 millions à 788 millions en 2015 et le nombre de smartphones de 500 millions à 2,5 milliards en 5 ans.

Si aujourd’hui, l’innovation a vocation à être développée à des fins  » ludiques » et grand public, annonceurs, publicitaires, media sociaux, réseaux sociaux et créateurs de jeux ne devraient pas tarder à entrer dans cette nouvelle ère.

Après demain les marques auront tous les outils pour me faire plaisir

…et certaines exploitent déjà le filon

Qui dit signal faible dit activation du radar « grosse opportunité pour les marques ».

Car quoi de plus opportun pour une marque que de rentrer dans la tête de son consommateur et d’en extraire les infos les plus précises pour ainsi lui offrir ce dont il a profondément besoin… ou envie.

Qui dit ultra personnalisation dit adieu au taux de perdition.

Au demeurant, la « télépathie électronique » a tout pour devenir la « V2″ de la « personnalisation », tendance qui brille dans le paysage publicitaire digital depuis 2009.

C’est d’ailleurs sur cette nouvelle tendance que  s’est penchée la marque Axe pour taper un grand coup lors de  l’inauguration de sa 9 ème édition de l’évènement estival Axe boat.

Pour son avant-première parisienne, le 16 juillet, la marque a donné rendez-vous à ses prospects sur la plage avec animation et ambiance à la clé.

Mais il s’avère que la campagne a avant tout débuté online. Les invités, préalablement sélectionnés par jeu concours, ont dû se rendre sur un site web dédié, sur lequel des questions sur leurs préférences leur ont été posées. Suite à quoi un numéro RFID ( Identification par radio fréquence) leur a été attribué.

Ces informations, confidentielles et privées, ont permis à la marque de personnaliser l’évènement pour chacun des participants, allant de ses préférences de boisson à celles de la musique ou même du choix des « anges » Axe qui l’accompagnent.

« Si un gagnant préfère les blondes, un ange blond l’accueillera sur le bateau en l’appelant par son prénom et la photo prise à cet instant sera envoyée sur son profil Facebook. »


Si, la puce RFID permet à la marque de connaître les goûts de son consommateur, elle lui permet aussi de partager les informations en temps réel sur le mur Facebook de celui-ci. Un bon moyen de  faire un peu « baver » sa communauté.

« L’interaction des jeunes invités avec leurs amis s’opère par leur propre page Facebook, enrichie en temps réel grâce à la RFID »
Julien Coeurdacier chef de groupe déodorants chez unilever France.

La semaine prochaine, je saurai tout de vous

D’une certaine façon l’avancée technologique fait peur.

Adieu rencontres fortuites au détour d’un arrêt de bus. « Comment  tu t’appelles  ». « Tu fais quoi dans la vie ? » Pourquoi poser ces questions puisque nous le saurons déjà.

Un point qui pourrait nous rassurer : si par grand malheur nous oublions notre téléphone ou que celui-ci n’a plus de batterie, nous revenons ipso facto dans la vie réelle. SAUVÉS !

Mais rien n’est moins sûr.

Actuellement, des chercheurs de l’université de Washington travaillent sur une lentille de contact intégrant des composantes électroniques et des capteurs. Elle permettrait alors de saisir directement les éléments de réalité augmentée sans avoir à passer par l’Iphone ni aucun autre outil numérique. Notre corps sera l’outil.

Pour ma part ces innovations me laissent un peu perplexe ne serait-ce que d’un point de vue social.

Dans un monde où l’instantanité règne, tout le monde voudra tout savoir de l’autre mais sans prendre le temps d’apprendre à le connaitre.

Dommage… car quoi de plus exaltant que garder une petite part de mystère ?

Xavier Baillet

Entrepreneur et Directeur de la Création d'entreprises dans les secteurs du design, du marketing et du digital depuis 1999.

J'aime faire avancer les gens, les idées et la société. J'aime les entreprises utiles et les entrepreneurs passionnés.

J'aime faire exister les idées et les projets qui ont un sens pour les gens.

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