L’IOT permet à Air Liquide d’optimiser le coût de ses livraisons de gaz

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Le géant de l’énergie a créé en janvier une filiale dédiée aux objets connectés et a investi dans le spécialiste des réseaux bas débit longue portée Sigfox.

Le patron d’Air Liquide rêve de surveiller chaque réservoir de gaz compressé installé chez ses clients, pour le remplir avant qu’il ne soit vide. Au-delà d’une meilleure satisfaction client, un tel système de suivi permettrait également au groupe d’optimiser ses tournées de livraison de gaz en ne se déplaçant que lorsque c’est nécessaire. Ces livraisons représentent une part importante de sa structure de coûts, car les camions qui transportent ce corps instable doivent subir régulièrement des tests de sécurité onéreux. Pour les optimiser, le géant a créé en janvier 2017 une filiale baptisée Alizent, chargée d’installer des capteurs communicants sur ses actifs industriels (réservoirs et bouteilles notamment) afin de remplir ces objectifs.

Pour constituer cette branche IoT, la multinationale a fusionné sa filiale dédiée aux services, Air Liquide Services, avec deux sociétés rachetées dans le courant des années 2000 : l’espagnole Athelia, spécialiste de la traçabilité des actifs physiques, et la canadienne Keops, experte du suivi de production dans les usines. La nouvelle entité compte 250 salariés.

Sa mission prioritaire : valoriser les actifs d’Air Liquide grâce à l’IoT pour aider l’industriel à basculer au numérique. « Je rapporte directement au patron de la transformation digitale du groupe Olivier Delabroy », détaille Alexis Duret, directeur d’Alizent. Mais la filiale vend aussi ses solutions connectées à des sociétés tierces qui ont des problématiques proches de celles de sa maison-mère. « Nous avons aujourd’hui une quinzaine de clients significatifs. Ce sont essentiellement des compagnies gazières comme Repsol, ou des brasseurs comme Carlsberg », poursuit le dirigeant.

Alizent ne part pas de zéro. Dans les années 2000, Air Liquide a connecté 20 000 réservoirs de gaz installés chez ses clients avec des capteurs de pression communiquant grâce à de coûteux réseaux GPRS ou 3G. En tout, la firme possède 40 000 de ces réservoirs, qu’elle loue à sa clientèle. Elle sait ainsi quand elle doit envoyer ses techniciens remplir les bidons pour que ces entreprises ne se retrouvent pas à sec. Alizent réalise actuellement une série de tests avec des capteurs connectés en Sigfox pour essayer de réduire le coût de son système IoT devenu poussiéreux avec l’apparition des réseaux bas débit longue portée, plus abordables que les technologies cellulaires classiques. Le groupe a pris en 2015 des parts dans le capital de Sigfox via son véhicule d’investissement Air Liquide Venture Capital.

« Connecter un objet avec Sigfox revient à 1 ou 2 euros par an. Un prix en moyenne dix fois inférieur à ceux que nous proposaient les opérateurs traditionnels », se félicite Alexis Duret. Les capteurs compatibles avec Sigfox sont aussi moins onéreux car leur batterie est plus petite que celles de leurs ancêtres plus énergivores. « Si les expérimentations sont concluantes, le coût de la connexion de nos réservoirs baissera nettement. Nous allons aussi pouvoir connecter de nouvelles catégories d’actifs moins chers », poursuit-il. Air Liquide commercialise lesdits réservoirs auprès de clients qui consomment de grandes quantités de gaz industriels. Les consommateurs plus modestes peuvent acheter des bouteilles à l’unité, ou par groupements de 16. Deux produits sur lesquels des tests IoT en Sigfox sont actuellement réalisés avec des capteurs de pression, pour savoir quand ils doivent être remplacés.

Si ces expérimentations sont couronnées de succès, elles seront industrialisées d’ici un an. Air Liquide devra alors investir un montant dix fois supérieur à l’effort financier consenti pour ces tests, dont il ne souhaite pas dévoiler le montant. Car avant d’être déployés à grande échelle, ces objets connectés devront passer un certain nombre de certifications obligatoires dans l’univers ultra-règlementé du gaz industriel où travaille le groupe. Des certifications qui diffèrent souvent d’une zone géographique à l’autre, ce qui rallongera encore les délais et les coûts de déploiement pour cette multinationale présente dans 80 pays.

L’offre IoT d’Alizent est double. Lorsqu’Air Liquide en interne ou qu’un de ses clients externe a un besoin spécifique (capteur soumis à une forte pression ou à de faibles températures…), l’entreprise peut fabriquer un appareil sur-mesure dans son laboratoire de conception électronique situé dans le quartier d’affaire de La Défense (Hauts-de-Seine). Sinon, Alizent utilise des appareils standards moins coûteux. La compagnie a également construit une plateforme de collecte et de gestion des données IoT, basée sur le cloud d’AWS. Le groupe disposait auparavant d’un système de gestion des data installé sur ses propres serveurs. « Avec notre nouvelle solution cloud, nous pouvons passer très rapidement de quelques capteurs à des millions, sans devoir adapter notre infrastructure informatique. Cette nouvelle solution permet par ailleurs de faire baisser les coûts IT de gestion des données IoT de 20% », se réjouit Alexis Duret.

L’entreprise adapte ensuite son modèle tarifaire aux origines géographiques et aux activités de ses clients : « dans certains pays, nous avons un modèle freemium, alors qu’ailleurs nous sommes 100% payants. Il faut s’adapter à la culture locale », indique le patron.

Consulter l’article complet sur le Journal du Net : http://www.journaldunet.com/economie/industrie/1196511-air-liquide-livraisons-gaz-capteurs/

Olivier Baillet

Entrepreneur et dirigeant d'entreprise dans les secteurs du marketing et du digital depuis 1999.
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